解放军文职招聘考试Après plusieurs
Après plusieurs mois d'application de tous les instants, Julien avait encore l'air de penser . Sa fa?on de remuer les yeux et de porter la bouche n'annon?ait pas la foi implicite et prête à tout croire et à tout soutenir, même par le martyre. C'était avec colère que Julien se voyait primé dans ce genre par les paysans les plus grossiers. Il y avait de bonnes raisons pour qu'ils n'eussent pas l'air penseur. Que de peine ne se donnait-il pas pour arriver à cette physionomie de foi fervente et aveugle, prête à tout croire et à tout souffrir, que l'on trouve si fréquemment dans les couvents d'Italie, et dont à nous autres la?cs, le Guerchin a laissé de si parfaits modèles dans ses tableaux d'église*. [* Voir, au musée du Louvre, Fran?ois duc d'Aquitaine déposant la cuirasse et prenant l'habit de moine, n° 1130.] Les jours de grande fête, on donnait aux séminaristes des saucisses avec de la choucroute. Les voisins de table de Julien observèrent qu'il était insensible à ce bonheur; ce fut là un de ses premiers crimes. Ses camarades y virent un trait odieux de la plus sotte hypocrisie; rien ne lui fit plus d'ennemis. Voyez ce bourgeois, voyez ce dédaigneux, disaient-ils, qui fait semblant de mépriser la meilleure pitance, des saucisses avec de la choucroute! fi, le vilain! l'orgueilleux! le damné!
Hélas! l'ignorance de ces jeunes paysans, mes camarades, est pour eux un avantage immense, s'écriait Julien dans ses moments de découragement. A leur arrivée au séminaire, le professeur n'a point à les délivrer de ce nombre effroyable d'idées mondaines que j'y apporte, et qu'ils lisent sur ma figure, quoi que je fasse.
Julien étudiait, avec une attention voisine de l'envie, les plus grossiers des petits paysans qui arrivaient au séminaire. Au moment où on les dépouillait de leur veste de ratine pour leur faire endosser la robe noire, leur éducation se bornait à un respect immense et sans bornes pour l'argent sec et liquide, comme on dit en FrancheComté.
C'est la manière sacramentelle et héro?que d'exprimer l'idée sublime d' argent comptant .
Le bonheur, pour ces séminaristes, comme pour les héros des romans de Voltaire, consiste surtout à bien d?ner. Julien découvrait chez presque tous un respect inné pour l'homme qui porte un habit de drap fin . Ce sentiment apprécie la justice distributive, telle que nous la donnent nos tribunaux, à sa valeur et même au-dessous de sa valeur. Que peut-on gagner, répétaient-ils souvent entre eux, à plaider contre un gros?
C'est le mot des vallées du Jura, pour exprimer un homme riche. Qu'on juge de leur respect pour l'être le plus riche de tous: le gouvernement!
Ne pas sourire avec respect au seul nom de M. le préfet, passe, aux yeux des paysans de la Franche-Comté, pour une imprudence: or, l'imprudence chez le pauvre est rapidement punie par le manque de pain.
Après avoir été comme suffoqué dans les premiers temps par le sentiment du mépris, Julien finit par éprouver de la pitié: il était arrivé souvent aux pères de la plupart de ses camarades de rentrer le soir dans l'hiver à leur chaumière, et de n'y trouver ni pain, ni chataignes, ni pommes de terre. Qu'y a-t-il donc d'étonnant, se disait Julien, si l'homme heureux, à leurs yeux, est d'abord celui qui vient de bien d?ner, et ensuite celui qui possède un bon habit! Mes camarades ont une vocation ferme, c'est-à-dire qu'ils voient dans l'état ecclésiastique une longue continuation de ce bonheur: bien d?ner et avoir un habit chaud en hiver. Il arriva à Julien d'entendre un jeune séminariste, doué d'imagination, dire à son compagnon:
- Pourquoi ne deviendrais-je pas pape comme SixteQuint, qui gardait les pourceaux?
- On ne fait pape que des Italiens, répondit l'ami; maispour s?r on tirera au sort parmi nous pour des places de grands vicaires, de chanoines, et peut-être d'évêques. M. P..., évêque de Chalons, est fils d'un tonnelier: c'est l'état de mon père.
Un jour, au milieu d'une le?on de dogme, l'abbé Pirard fit appeler Julien. Le pauvre jeune homme fut ravi de sortir de l'atmosphère physique et morale au milieu de laquelle il était plongé.
Julien trouva chez M. le directeur l'accueil qui l'avait tant effrayé le jour de son entrée au séminaire.
- Expliquez-moi ce qui est écrit sur cette carte à jouer, luidit-il en le regardant de fa?on à le faire rentrer sous terre. Julien lut: ?Amanda Binet, au café de la Girafe, avant huit heures. Dire que l'on est de Genlis, et le cousin de ma mère?.
Julien vit l'immensité du danger; la police de l'abbé Castanède lui avait volé cette adresse.
- Le jour où j'entrai ici, répondit-il en regardant le front del'abbé Pirard, car il ne pouvait supporter son oeil terrible, j'étais tremblant: M. Chélan m'avait dit que c'était un lieu plein de délations et de méchancetés de tous les genres; l'espionnage et la dénonciation entre camarades y sont encouragés. Le ciel le veut ainsi, pour montrer la vie telle qu'elle est, aux jeunes prêtres, et leur inspirer le dégo?t du monde et de ses pompes.
- Et c'est à moi que vous faites des phrases, dit l'abbéPirard furieux. Petit coquin!
- A Verrières, reprit froidement Julien, mes frères mebattaient lorsqu'ils avaient sujet d'être jaloux de moi... - Au fait! au fait! s'écria M. Pirard, presque hors de lui. Sans être le moins du monde intimidé, Julien reprit sa narration.
- Le jour de mon arrivée à Besan?on, vers midi, j'avaisfaim, j'entrai dans un café. Mon coeur était rempli de répugnance pour un lieu si profane; mais je pensai que mon déjeuner me co?terait moins cher là qu'à l'auberge. Une dame, qui paraissait la ma?tresse de la boutique, eut pitié de mon air novice. Besan?on est rempli de mauvais sujets, me dit-elle, je crains pour vous, monsieur. S'il vous arrivait quelque mauvaise affaire, ayez recours à moi, envoyez chez moi avant huit heures. Si les portiers du séminaire refusent de faire votre commission, dites que vous êtes mon cousin, et natif de Genlis...
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