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解放军文职招聘考试Julien regardait

来源: 2017-10-03 09:42

 Julien regardait en silence l'abbé qui relisait la démission, lorsque tout à coup la porte s'ouvrit avec fracas. Un laquais, richement vêtu, passa rapidement. Julien n'eut que le temps de se retourner vers la porte; il aper?ut un petit vieillard portant une croix pectorale. Il se prosterna: l'évêque lui adressa un sourire de bonté et passa. Le bel abbé le suivit, et Julien resta seul dans le salon dont il put à loisir admirer la magnificence pieuse.

L'évêque de Besan?on, homme d'esprit éprouvé, mais non pas éteint par les longues misères de l'émigration, avait plus de soixante-quinze ans, et s'inquiétait infiniment peu de ce qui arriverait dans dix ans.

-      Quel est ce séminariste au regard fin, que je crois avoirvu en passant? dit l'évêque. Ne doivent-ils pas, suivant mon règlement, être couchés à l'heure qu'il est?

-      Celui-ci est fort éveillé, je vous jure, Monseigneur, et ilapporte une grande nouvelle: c'est la démission du seul janséniste qui restat dans votre diocèse. Ce terrible abbé Pirard comprend enfin ce que parler veut dire.

-      Eh bien! dit l'évêque en riant, je vous défie de leremplacer par un homme qui le vaille. Et pour vous montrer tout le prix de cet homme, je l'invite à d?ner pour demain.

Le grand vicaire voulut glisser quelques mots sur le choix du successeur. Le prélat, peu disposé à parler d'affaires, lui dit:

-      Avant de faire entrer cet autre, sachons un peu commentcelui-ci s'en va. Faites-moi venir ce séminariste, la vérité est dans la bouche des enfants.

Julien fut appelé: Je vais me trouver au milieu de deux inquisiteurs, pensa-t-il. Jamais il ne s'était senti plus de courage.

Au moment où il entra, deux grands valets de chambre, mieux mis que M. Valenod lui-même, déshabillaient Monseigneur. Ce prélat, avant d'en venir à M. Pirard, crut devoir interroger Julien sur ses études. Il parla un peu de dogme, et fut étonné. Bient?t il en vint aux humanités, à Virgile, à Horace, à Cicéron. Ces noms-là, pensa Julien, m'ont valu mon numéro 198. Je n'ai rien à perdre, essayons de briller. Il réussit; le prélat, excellent humaniste lui-même, fut enchanté.

Au d?ner de la préfecture, une jeune fille, justement célèbre, avait récité le poème de la Madeleine. Il était en train de parler littérature, et oublia bien vite l'abbé Pirard et toutes les affaires, pour discuter, avec le séminariste, la question de savoir si Horace était riche ou pauvre. Le prélat cita plusieurs odes, mais quelquefois sa mémoire était paresseuse, et sur-le-champ Julien récitait l'ode tout entière, d'un air modeste; ce qui frappa l'évêque fut que Julien ne sortait point du ton de la conversation; il disait ses vingt ou trente vers latins comme il e?t parlé de ce qui se passait dans son séminaire. On parla longtemps de Virgile, de Cicéron. Enfin le prélat ne put s'empêcher de faire compliment au jeune séminariste.

-      Il est impossible d'avoir fait de meilleures études. - Monseigneur, dit Julien, votre séminaire peut vous offrir cent quatre-vingt-dix-sept sujets bien moins indignes de votre haute approbation.

-      Comment cela? dit le prélat étonné de ce chiffre. - Je puis appuyer d'une preuve officielle ce que j'ai l'honneur de dire devant Monseigneur.

A l'examen annuel du séminaire, répondant précisément sur les matières qui me valent, dans ce moment, l'approbation de Monseigneur, j'ai obtenu le n° 198.

-      Ah! c'est le benjamin de l'abbé Pirard, s'écria l'évêque enriant et regardant M. de Frilair; nous aurions d? nous y attendre; mais c'est de bonne guerre. N'est-ce pas, mon ami, ajouta-t-il en s'adressant à Julien, qu'on vous a fait réveiller pour vous envoyer ici?

-      Oui, Monseigneur. Je ne suis sorti seul du séminairequ'une seule fois en ma vie, pour aller aider M. l'abbé Chas-Bernard à orner la cathédrale, le jour de la FêteDieu.

-      Optime, dit l'évêque; quoi, c'est vous qui avez faitpreuve de tant de courage, en pla?ant les bouquets de plumes sur le baldaquin? Ils me font frémir chaque année; je crains toujours qu'ils ne me co?tent la vie d'un homme. Mon ami, vous irez loin; mais je ne veux pas arrêter votre carrière, qui sera brillante, en vous faisant mourir de faim. Et sur l'ordre de l'évêque, on apporta des biscuits et du vin de Malaga, auxquels Julien fit honneur, et encore plus l'abbé de Frilair, qui savait que son évêque aimait à voir manger gaiement et de bon appétit.

Le prélat, de plus en plus content de la fin de sa soirée, parla un instant d'histoire ecclésiastique. Il vit que Julien ne comprenait pas. Le prélat passa à l'état moral de l'Empire romain, sous les empereurs du siècle de Constantin. La fin du paganisme était accompagnée de cet état d'inquiétude et de doute qui, au XIXe siècle, désole les esprits tristes et ennuyés. Monseigneur remarqua que Julien ignorait presque jusqu'au nom de Tacite. 

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