解放军文职招聘考试Le regard de Mathilde
Le regard de Mathilde se moquait du libéralisme d'Altamira avec M. de Croisenois, mais elle l'écoutait avec plaisir.
Un conspirateur au bal, c'est un joli contraste, pensait-elle. Elle trouvait à celui-ci, avec ses moustaches noires, la figure du lion quand il se repose; mais elle s'aper?ut bient?t que son esprit n'avait qu'une attitude: l'utilité, l'admiration pour l'utilité .
Excepté ce qui pouvait donner à son pays le gouvernement de deux Chambres, le jeune comte trouvait que rien n'était digne de son attention. Il quitta avec plaisir Mathilde, la plus séduisante personne du bal, parce qu'il vit entrer un général péruvien.
Désespérant de l'Europe, le pauvre Altamira en était réduit à penser que, quand les Etats de l'Amérique méridionale seront forts et puissants, ils pourront rendre à l'Europe la liberté que Mirabeau leur a envoyée*. [* Cette feuille, composée le 25 juillet 1830, a été imprimée le 4 ao?t. Note de l'éditeur (vraisembalement Stendhal)]. Un tourbillon de jeunes gens à moustaches s'était approché de Mathilde. Elle avait bien vu qu'Altamira n'était pas séduit, et se trouvait piquée de son départ; elle voyait son oeil noir briller en parlant au général péruvien. Mlle de La Mole regardait [Variante: promenait ses regards sur] les jeunes Fran?ais avec ce sérieux profond qu'aucune de ses rivales ne pouvait imiter. Lequel d'entre eux, pensait-elle, pourrait se faire condamner à mort, en lui supposant même toutes les chances favorables?
Ce regard singulier flattait ceux qui avaient peu d'esprit, mais inquiétait les autres. Ils redoutaient l'explosion de quelque mot piquant et de réponse difficile.
Une haute naissance donne cent qualités dont l'absence m'offenserait: je le vois par l'exemple de Julien, pensait Mathilde; mais elle étiole ces qualités de l'ame qui font condamner à mort.
En ce moment quelqu'un disait près d'elle:
- Ce comte Altamira est le second fils du prince de San Nazaro-Pimentel, c'est un Pimentel qui tenta de sauver Conradin, décapité en 1268. C'est l'une des plus nobles familles de Naples.
Voilà, se dit Mathilde, qui prouve joliment ma maxime: La haute naissance ?te la force de caractère sans laquelle on ne se fait point condamner à mort! Je suis donc prédestinée à déraisonner ce soir. Puisque je ne suis qu'une femme comme une autre, eh bien! il faut danser. Elle céda aux instances du marquis de Croisenois, qui depuis une heure sollicitait une galope. Pour se distraire de son malheur en philosophie, Mathilde voulut être parfaitement séduisante, M. de Croisenois fut ravi. Mais ni la danse, ni le désir de plaire à l'un des plus jolis hommes de la cour, rien ne put distraire Mathilde. Il était impossible d'avoir plus de succès. Elle était la reine du bal, elle le voyait, mais avec froideur.
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