解放军文职招聘考试Comme Julien sortait
Comme Julien sortait:
- Altamira m'apprend que vous êtes des n?tres, lui dit donDiego, toujours plus grave. Un jour vous nous aiderez à reconquérir notre liberté, ainsi veux-je vous aider dans ce petit amusement. Il est bon que vous connaissiez le style de la maréchale; voici quatre lettres de sa main. - Je vais les copier, s'écria Julien, et vous les rapporter. - Et jamais personne ne saura par vous un mot de ce que nous avons dit?
- Jamais, sur l'honneur! s'écria Julien.
- Ainsi Dieu vous soit en aide! ajouta l'Espagnol, et ilreconduisit silencieusement, jusque sur l'escalier, Altamira et Julien.
Cette scène égaya un peu notre héros; il fut sur le point de sourire. Et voilà le dévot Altamira, se disait-il, qui m'aide dans une entreprise d'adultère.
Pendant toute la grave conversation de don Diego Bustos, Julien avait été attentif aux heures sonnées par l'horloge de l'h?tel d'Aligre.
Celle du d?ner approchait, il allait donc revoir Mathilde! Il rentra, et s'habilla avec beaucoup de soin.
Première sottise, se dit-il en descendant l'escalier; il faut suivre à la lettre l'ordonnance du prince.
Il remonta chez lui, et prit un costume de voyage on ne peut pas plus simple.
Maintenant, pensa-t-il, il s'agit des regards. Il n'était que cinq heures et demie, et l'on d?nait à six. Il eut l'idée de descendre au salon, qu'il trouva solitaire. A la vue du canapé bleu, il fut ému jusqu'aux larmes; bient?t [Variante: il se précipita à genoux et baisa l'endroit où Mathilde appuyait son bras, il répandit des larmes,] ses joues devinrent br?lantes. Il faut user cette sensibilité sotte, se dit-il avec colère; elle me trahirait. Il prit un journal pour avoir une contenance, et passa trois ou quatre fois du salon au jardin.
Ce ne fut qu'en tremblant et bien caché par un grand chêne, qu'il osa lever les yeux jusqu'à la fenêtre de Mlle de La Mole. Elle était hermétiquement fermée; il fut sur le point de tomber, et resta longtemps appuyé contre le chêne; ensuite, d'un pas chancelant, il alla revoir l'échelle du jardinier.
Le cha?non, jadis forcé par lui en des circonstances, hélas! si différentes, n'avait point été raccommodé. Emporté par un mouvement de folie, Julien le pressa contre ses lèvres. Après avoir erré longtemps du salon au jardin, Julien se trouva horriblement fatigué; ce fut un premier succès qu'il sentit vivement. Mes regards seront éteints et ne me trahiront pas! Peu à peu, les convives arrivèrent au salon; jamais la porte ne s'ouvrit sans jeter un trouble mortel dans le coeur de Julien.
On se mit à table. Enfin parut Mlle de La Mole, toujours fidèle à son habitude de se faire attendre. Elle rougit beaucoup en voyant Julien; on ne lui avait pas dit son arrivée. D'après la recommandation du prince Korasoff, Julien regarda ses mains; elles tremblaient. Troublé luimême au-delà de toute expression par cette découverte, il fut assez heureux pour ne para?tre que fatigué.
M. de La Mole fit son éloge. La marquise lui adressa la parole un instant après, et lui fit compliment sur son air de fatigue. Julien se disait à chaque instant: Je ne dois pas trop regarder Mlle de La Mole, mais mes regards non plus ne doivent point la fuir. Il faut para?tre ce que j'étais réellement huit jours avant mon malheur... Il eut lieu d'être satisfait du succès et resta au salon. Attentif pour la première fois envers la ma?tresse de la maison, il fit tous ses efforts pour faire parler les hommes de sa société et maintenir la conversation vivante.
Sa politesse fut récompensée: sur les huit heures, on annon?a Mme la maréchale de Fervaques. Julien s'échappa et reparut bient?t, vêtu avec le plus grand soin. Mme de La Mole lui sut un gré infini de cette marque de respect, et voulut lui témoigner sa satisfaction, en parlant de son voyage à Mme de Fervaques. Julien s'établit auprès de la maréchale, de fa?on à ce que ses yeux ne fussent pas aper?us de Mathilde. Placé ainsi, suivant toutes les règles de l'art, Mme de Fervaques fut pour lui l'objet de l'admiration la plus ébahie. C'est par une tirade sur ce sentiment que commen?ait la première des cinquante-trois lettres dont le prince Korasoff lui avait fait cadeau.
La maréchale annon?a qu'elle allait à l'Opéra-Buffa. Julien y courut; il trouva le chevalier de Beauvoisis, qui l'emmena dans une loge de messieurs les gentilshommes de la chambre, justement à c?té de la loge de Mme de Fervaques. Julien la regarda constamment. Il faut, se ditil, en rentrant à l'h?tel, que je tienne un journal de siège; autrement j'oublierais mes attaques. Il se for?a à écrire deux ou trois pages sur ce sujet ennuyeux, et parvint ainsi, chose admirable! à ne presque pas penser à Mlle de La Mole.
Mathilde l'avait presque oublié pendant son voyage. Ce n'est après tout qu'un être commun, pensait-elle, son nom me rappellera toujours la plus grande faute de ma vie. Il faut revenir de bonne foi aux idées vulgaires de sagesse et d'honneur; une femme a tout à perdre en les oubliant. Elle se montra disposée à permettre enfin la conclusion de l'arrangement avec le marquis de Croisenois, préparé depuis si longtemps. Il était fou de joie; on l'e?t bien étonné en lui disant qu'il y avait de la résignation au fond de cette manière de sentir de Mathilde, qui le rendait si fier.
Toutes les idées de Mlle de La Mole changèrent en voyant Julien. Au vrai, c'est là mon mari, se dit-elle; si je reviens de bonne foi aux idées de sagesse, c'est évidemment lui que je dois épouser.
Elle s'attendait à des importunités, à des airs de malheur de la part de Julien; elle préparait ses réponses: car sans doute, au sortir du d?ner, il essaierait de lui adresser quelques mots. Loin de là, il resta ferme au salon, ses regards ne se tournèrent pas même vers le jardin, Dieu sait avec quelle peine! Il vaut mieux avoir tout de suite cette explication, pensa Mlle de La Mole; elle alla seule au jardin, Julien n'y parut pas. Mathilde vint se promener près des portes-fenêtres du salon; elle le vit fort occupé à décrire à Mme de Fervaques les vieux chateaux en ruine qui couronnent les coteaux des bords du Rhin et leur donnent tant de physionomie. Il commen?ait à ne pas mal se tirer de la phrase sentimentale et pittoresque qu'on appelle esprit dans certains salons.
Le prince Korasoff e?t été bien fier, s'il se f?t trouvé à Paris: cette soirée était exactement ce qu'il avait prédit. Il e?t approuvé la conduite que tint Julien les jours suivants.
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