解放军文职招聘考试Mathilde le vit pensif.
Mathilde le vit pensif.
- Je suis donc tout à fait indigne de vous, dit-elle en luiprenant la main.
Julien l'embrassa, mais à l'instant la main de fer du devoir saisit son coeur. Si elle voit combien je l'adore, je la perds. Et, avant de quitter ses bras, il avait repris toute la dignité qui convient à un homme.
Ce jour-là et les suivants, il sut cacher l'excès de sa félicité; il y eut des moments où il se refusait jusqu'au plaisir de la serrer dans ses bras.
Dans d'autres instants, le délire du bonheur l'emportait sur tous les conseils de la prudence.
C'était auprès d'un berceau de chèvrefeuilles disposé pour cacher l'échelle, dans le jardin, qu'il avait coutume d'aller se placer pour regarder de loin la persienne de Mathilde, et pleurer son inconstance. Un fort grand chêne était tout près, et le tronc de cet arbre l'empêchait d'être vu des indiscrets.
Passant avec Mathilde dans ce même lieu qui lui rappelait si vivement l'excès de son malheur, le contraste du désespoir passé et de la félicité présente fut trop fort pour son caractère; des larmes inondèrent ses yeux, et, portant à ses lèvres la main de son amie:
- Ici, je vivais en pensant à vous; ici, je regardais cettepersienne, j'attendais des heures entières le moment fortuné où je verrais cette main l'ouvrir...
Sa faiblesse fut complète. Il lui peignit avec ces couleurs vraies, qu'on n'invente point, l'excès de son désespoir d'alors. De courtes interjections témoignaient de son bonheur actuel qui avait fait cesser cette peine atroce... Que fais-je, grand Dieu! se dit Julien revenant à lui tout à coup. Je me perds.
Dans l'excès de son alarme, il crut déjà voir moins d'amour dans les yeux de Mlle de La Mole. C'était une illusion; mais la figure de Julien changea rapidement et se couvrit d'une paleur mortelle. Ses yeux s'éteignirent un instant, et l'expression d'une hauteur non exempte de méchanceté succéda bient?t à celle de l'amour le plus vrai et le plus abandonné.
- Qu'avez-vous donc mon ami? lui dit Mathilde avectendresse et inquiétude.
- Je mens, dit Julien avec humeur, et je mens à vous. Jeme le reproche, et cependant Dieu sait que je vous estime assez pour ne pas mentir. Vous m'aimez, vous m'êtes dévouée, et je n'ai pas besoin de faire des phrases pour vous plaire.
- Grand Dieu! ce sont des phrases que tout ce que vous medites de ravissant depuis dix minutes?
- Et je me les reproche vivement, chère amie. Je les aicomposées autrefois pour une femme qui m'aimait et m'ennuyait... C'est le défaut de mon caractère, je me dénonce moi-même à vous, pardonnez-moi.
Des larmes amères inondaient les joues de Mathilde. - Dès que par quelque nuance qui m'a choqué, j'ai un moment de rêverie forcée, continuait Julien, mon exécrable mémoire, que je maudis en ce moment, m'offre une ressource et j'en abuse.
- Je viens donc de tomber à mon insu dans quelque actionqui vous aura déplu? dit Mathilde avec une na?veté charmante.
- Un jour, je m'en souviens, passant près de ceschèvrefeuilles, vous avez cueilli une fleur, M. de Luz vous l'a prise, et vous la lui avez laissée. J'étais à deux pas. - M. de Luz? c'est impossible, reprit Mathilde, avec la hauteur qui lui était si naturelle: je n'ai point ces fa?ons. - J'en suis s?r, répliqua vivement Julien.
- Eh bien! il est vrai, mon ami, dit Mathilde en baissantles yeux tristement. Elle savait positivement que depuis bien des mois elle n'avait pas permis une telle action à M. de Luz.
Julien la regarda avec une tendresse inexprimable: Non, se dit-il, elle ne m'aime pas moins .
Elle lui reprocha le soir, en riant, son go?t pour Mme de Fervaques:
- Un bourgeois aimer une parvenue! Les coeurs de cetteespèce sont peut-être les seuls que mon Julien ne puisse rendre fous. Elle avait fait de vous un vrai dandy, disaitelle en jouant avec ses cheveux.
Dans le temps qu'il se croyait méprisé de Mathilde, Julien était devenu l'un des hommes les mieux mis de Paris. Mais encore avait-il un avantage sur les gens de cette espèce; une fois sa toilette arrangée, il n'y songeait plus. Une chose piquait Mathilde, Julien continuait à copier les lettres russes, et à les envoyer à la maréchale. ?
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