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解放军文职招聘考试Lorsque la chorale

来源: 2017-10-03 14:53

 Lorsque la chorale entonna Là-haut, par-delà les gentilles paquerettes, Anne leva les yeux au plafond, comme pour y apercevoir des fresques angéliques; et quand Sam Sloane entreprit de démontrer, illustrations à l'appui, ?Comment Sockery fit couver une poule?, Anne rit si fort que ses voisins ne purent s'empêcher d'en faire autant, plus par contagion qu'en raison de la dr?lerie d'une histoire qui se révélait passablement vétusté, même à Avonlea.

Quand Phillips, usant de registres de voix plus déchirants les uns que les autres – et quêtant le regard de Prissy Andrews à la fin de chaque vers –, déclama le monologue de Marc-Antoine devant le corps de César assassiné, Anne eut le sentiment qu'elle pourrait se lever et se révolter surle-champ, pourvu qu'un seul citoyen romain lui en donnat l'exemple.

Un seul des numéros de la soirée ne présenta aucun intérêt pour elle. Lorsque Gilbert Blythe récita Bingen sur le Rhin, Anne ouvrit le livre de bibliothèque de Rhoda Murray et le lut jusqu'à ce que Gilbert Blythe e?t terminé. Elle demeura inerte et raide, tandis que Diana applaudissait à tout rompre.

Anne et Diana rentrèrent à onze heures, rassasiées et comblées, partageant, de plus, cette joie extrêmement douce de savoir qu'elles auraient encore le temps d'échanger leurs impressions de la soirée. Tout le monde semblait endormi ; la maison était sombre et silencieuse. Anne et Diana pénétrèrent sur la pointe des pieds dans le petit salon, une longue pièce étroite au bout de laquelle s'ouvrait la porte de la chambre d'amis. Il y faisait bien chaud, et les braises du foyer dégageaient une faible lueur.

— Déshabillons-nous ici, dit Diana. Il y fait si bon, si chaud.

— N'était-ce pas une soirée merveilleuse ? soupira Anne, le regard perdu. Ce doit être magnifique, monter sur scène. Penses-tu qu'on nous le demandera un jour, Diana ?

 — Oui, certainement, un jour. On demande toujours aux grands écoliers de réciter. Gilbert Blythe le fait souvent, et il n'a que deux ans de plus que nous. Oh, Anne, comment as-tu pu faire semblant de ne pas l'écouter lorsqu'il a déclamé ce vers : "En voici une autre, qui n'est pas une s?ur." Tu sais, c'est toi qu'il regardait.

— Diana, rétorqua Anne, très digne, tu es ma très grande amie, mais je ne puis te permettre, même à toi, de mentionner le nom de cet être-là... Es-tu prête à te coucher? Faisons la course pour voir qui sera au lit la première.

Cette proposition plut à Diana. Les deux petites silhouettes, vêtues de robes blanches, traversèrent la pièce à toute allure, franchirent la porte de la chambre d'amis et bondirent en même temps sur le lit. Soudain, quelque chose s'agita sous elles; on entendit un souffle et un cri, puis la voix étouffée de quelqu'un :— Mon doux Seigneur !

Anne et Diana ne purent jamais se rappeler exactement comment elles réussirent à quitter le lit et à sortir de la chambre. Tout ce dont elles se souvinrent, c'est qu'après une course éperdue, elles se retrouvèrent, tremblantes, en train de monter à l'étage sur la pointe des pieds.

— Oh, qui était-ce ? Qu'est-ce que c'était ? murmura Anne, claquant des dents, autant de peur que de froid.

— C'était tante Joséphine, dit Diana, riant à gorge déployée. Oh, Anne, je me demande comment elle s'est retrouvée là. Oh, et je sais qu'elle va être furieuse. C'est affreux – c'est vraiment affreux – mais as-tu jamais assisté à quelque chose d'aussi dr?le ?

— Qui est ta tante Joséphine ?

— C'est la tante de mon père, et elle vit à Charlottetown. Elle est très vieille – soixante-dix ans, environ – et je ne crois pas qu'elle ait jamais été petite fille. Nous attendions sa visite, mais pas si t?t. Elle est très collet monté et elle va certainement me réprimander très fort. Bon, nous allons devoir dormir avec Minnie May. Tu n'imagines pas le nombre de coups de pied qu'elle peut assener en dormant.

Mme Joséphine Barry ne fit pas son apparition lors du petit déjeuner, pris très t?t le lendemain matin. Mme Barry adressa aux deux petites filles un sourire aimable.

— Vous êtes-vous bien amusées hier soir ? J'ai essayé de rester éveillée jusqu'à votre retour, car je voulais vous prévenir de l'arrivée de tante Joséphine et vous demander de dormir en haut, mais j'étais si fatiguée que je me suis endormie. J'espère, Diana, que vous n'avez pas dérangé ta tante.

Diana garda un silence discret, tout en échangeant avec Anne, à la dérobée, des sourires par-dessus la table. Anne se dépêcha de rentrer après le petit déjeuner. Elle était aux anges, ne se doutant en rien des événements dramatiques qui allaient secouer la maison Barry. Cette inconscience heureuse prit fin quelques heures plus tard, lorsqu'elle descendit chez Mme Lynde faire une course pour Marilla.

— Alors, comme ?a, avec ton amie Diana, vous avez presque fait mourir de frayeur la pauvre demoiselle Barry ? s'écria Mme Lynde, d'un ton sévère que venait démentir une lueur coquine dans le regard. Mme Barry était ici, il y a quelques minutes, en route pour Carmody. Elle se fait beaucoup de souci à cause de cette histoire. La vieille demoiselle Barry était de fort mauvaise humeur en se levant ce matin, et le caractère de Joséphine Barry n'est pas une sinécure, crois-moi ! Elle a refusé d'adresser la parole à Diana.

— Ce n'est pas la faute de Diana, de s'écrier Anne, toute repentante. C'est la mienne. J'ai suggéré que nous fassions la course, pour voir qui serait dans le lit la première.

— Je le savais ! s'écria Mme Lynde, fière d'avoir gagné son pari. Je savais qu'une idée pareille ne pouvait sortir que de ta tête. Eh bien, cela a suscité bien des problèmes, laisse-moi te le dire. La vieille demoiselle Barry était venue pour un mois, mais elle affirme qu'elle ne restera pas un jour de plus et qu'elle retournera en ville demain, dimanche ou pas. Elle serait partie aujourd'hui si elle avait trouvé quelqu'un pour l'emmener. Elle avait promis de payer à Diana un trimestre de le?ons de musique, mais elle est bien décidée maintenant à ne rien donner à un pareil gar?on manqué. Oh, je parie qu'ils ont passé un sacré quart d'heure là-haut ce matin. Les Barry doivent se sentir au désespoir. La vieille demoiselle Barry est riche, et ils préféreraient demeurer avec elle dans les meilleurs termes possibles. Bien s?r, ce n'est pas exactement ce que m'a dit Mme Barry, mais je juge assez bien la nature humaine, vois-tu...

— Je n'ai vraiment pas de chance, pauvre de moi, soupira plaintivement Anne. Non seulement je me mets toujours dans des situations impossibles mais j'y entra?ne, en plus, mes meilleures amies, les personnes pour qui j'irais jusqu'à me saigner les veines. Oh, madame Lynde, pourriez-vous m'expliquer pourquoi cela m'arrive aussi souvent ?

— C'est que tu es trop impulsive, tu agis trop sur des coups de tête, ma petite, voilà tout. Tu ne prends jamais le temps de réfléchir, avant de poser un geste ou de lacher une parole...

— Oh, mais c'est la meilleure fa?on d'agir, protesta Anne. Lorsque quelque chose de surprenant vous vient à l'esprit, il faut tout de suite en faire part sans attendre. Si on prend le temps d'y penser, on gache tout. Vous n'avez jamais agi de la sorte, madame Lynde ?

Non, une telle pensée ne l'avait jamais effleurée. Mme Lynde secoua négativement la tête, avec toute la lenteur que confère la sagesse.

— Tu devrais apprendre à penser un peu plus, Anne, voilà tout. Le meilleur conseil qu'on pourrait te donner, c'est "Fais bien attention avant de sauter", et surtout avant de sauter... dans un lit de chambre d'amis.

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