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解放军文职招聘考试Le souper était prêt

来源: 2017-10-03 15:00

 Le souper était prêt, la nuit était tombée, et pas la moindre trace d'Anne, se hatant de revenir par le Chemin des amoureux et le pont de bois, anxieuse de s'excuser, repentante, de sa mauvaise conduite. Marilla, d'un air renfrogné, lava la vaisselle et la rangea. Quand elle eut terminé, elle partit chercher une bougie pour éclairer le sous-sol; elle monta dans le pignon est, afin d'aller chercher celle qui se trouvait habituellement sur la table d'Anne. Lorsqu'elle l'eut allumée, elle se retourna et découvrit Anne, en personne, étendue sur le lit, le visage enfoncé dans les oreillers.

— Miséricorde divine ! s'exclama, interloquée, Marilla. Tu dormais, Anne ?

La réponse étouffée lui parvint :

— Non.

— Et serais-tu malade ? s'enquit Marilla, avec une anxiété grandissante, tout en se dirigeant vers le lit.

Anne s'enfon?a encore plus profondément dans les oreillers, comme pour se mettre définitivement à l'abri des regards.

— Non. Mais, s'il te pla?t, Marilla, ne reste pas ici et ne me regarde surtout pas. Je suis plongée dans les ab?mes du désespoir et je me moque de savoir qui va être premier en classe, ou qui va rédiger la meilleure rédaction et chanter dans la chorale de l'école du dimanche. A présent, ces petites choses-là n'ont plus aucune importance, car je n'irai plus nulle part, de toute fa?on. C'en est fini de ma carrière. Par pitié, Marilla, éloignetoi, ne me regarde pas !

— A-t-on déjà entendu sornettes pareilles ? fit Marilla, désorientée et cherchant à comprendre. Qu'est-ce qui t'arrive, Anne Shirley ? Qu'est-ce que tu as bien pu faire ? Allons, debout, tout de suite ! Réponds-moi ! Tout de suite, allons ! Eh bien, de quoi s'agit-il ?

Anne, se résignant à obéir, s'était laissée glisser sur le sol.

— Regarde mes cheveux, Marilla, murmura-t-elle à voix basse.

Marilla approcha sa bougie et scruta attentivement la chevelure d'Anne, répandue, épaisse et lourde, sur son dos : elle avait indéniablement une allure bizarre.

— Mais, Anne Shirley, qu'as-tu fait à tes cheveux ? Ma parole, mais... mais ils sont verts !

Vert était le mot le plus approprié, en effet, pour décrire cette invraisemblable couleur, mais un vert étrange, sans éclat, aux reflets cuivrés, rendu plus désastreux encore par la présence, ici et là, de mèches striées du roux initial. De toute sa vie, Marilla n'avait jamais vu quelque chose d'aussi grotesque.

— Eh bien oui, ils sont verts, éclata Anne, sanglotante. Je croyais qu'il n'y avait rien de pire que d'avoir des cheveux roux. Maintenant, je sais que c'est mille fois pire d'avoir les cheveux verts. Oh, Marilla, si tu savais comme je suis malheureuse, tellement malheureuse !

— Je ne sais trop comment tu as pu te transformer de la sorte, mais j'ai la ferme intention de le découvrir, dit Marilla. Allons, descends à la cuisine – il fait trop froid, ici en haut – et raconte-moi ce que tu as fait. Depuis un bon moment, j'appréhendais une nouvelle catastrophe. Tu ne t'étais pas attiré d'ennuis depuis deux mois, il fallait bien que tu finisses par te fourrer dans un quelconque pétrin. Eh bien, à présent, explique-moi : qu'est-ce que tu leur as fait, à tes cheveux ?

— Je les ai teints.

— Teints ? Tu as teint tes cheveux ? Savais-tu qu'il s'agit là d'une bien méchante action ?

— Oui, je me doutais bien que c'était un peu méchant, admit Anne. Mais je me disais que ?a valait la peine de se montrer un peu méchante si ?a pouvait enfin me débarrasser de cette horrible couleur rousse. J'avais tout calculé, Marilla. En plus, j'avais la ferme intention de me montrer particulièrement gentille dans d'autres circonstances, afin de compenser.

— Eh bien, fit Marilla, sarcastique, si j'avais décidé qu'il valait la peine de me teindre les cheveux, je les aurais au moins teints d'une couleur décente. Je ne les aurais s?rement pas teints en vert !

— Mais je ne voulais pas les teindre en vert, Marilla, protesta Anne, de plus en plus abattue. Si j'ai été méchante, j'avais de bonnes raisons. Il m'a garanti que j'aurais des cheveux d'un superbe noir corbeau. Comment aurais-je pu ne pas avoir confiance, Marilla ? Je sais bien, moi, comment on se sent lorsque quelqu'un doute de votre parole. D'ailleurs, Mme Allan soutient que nous ne devons jamais soup?onner quelqu'un de mensonge avant de détenir une preuve. Maintenant, je l'ai, cette preuve : des cheveux verts, c'est là, je pense, une preuve suffisante pour convaincre tout le monde ! Mais, sur le moment, j'ai cru tacitement tout ce qu'il me disait.

— Qui disait quoi ? Mais de qui parles-tu ?

— Le colporteur qui était ici cet après-midi. C'est à lui que j'ai acheté cette teinture.

— Anne Shirley ! Combien de fois t'ai-je déjà dit de ne jamais laisser un seul de ces Italiens pénétrer dans la maison ! Je crois qu'il faut les décourager une fois pour toutes de r?der par ici.

— Oh, mais je ne l'ai pas laissé rentrer dans la maison ! Je me suis rappelé ce que tu m'avais dit : je suis sortie, j'ai pris soin de refermer la porte derrière moi, et c'est sur le seuil que j'ai regardé sa marchandise. D'ailleurs, ce n'était pas un Italien, mais un Juif allemand. Il y avait, dans son coffre, plein de choses intéressantes ; il m'a dit qu'il devait travailler dur, afin de gagner suffisamment d'argent pour que sa femme et ses enfants, restés en Allemagne, puissent venir le rejoindre. Il en parlait avec une telle émotion que ?a m'est allé droit au c?ur.

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